Terminologie 

 

Eskrima tire vraisemblablement son origine du mot espagnol « escrima », terme désignant l’escrime.

D’autres noms, entrés dans l’usage courant, comme Kali, Eskrima et Arnis sont parmi les plus utilisés en France.

Le nom de Kali, principalement utilisé aux États-Unis et en Europe, est rarement, voire non usité aux Philippines. Mais en raison de la popularité du terme en dehors des Philippines et de l’influence des praticiens étrangers, le terme Kali est de plus en plus reconnu et accepté dans ces iles.

Toutefois, les termes Eskrima, Arnis, Kali et Filipino Martial Arts se réfèrent tous à la même famille : celle des arts martiaux du sud- est asiatique.

ESCRIMA

En 1996, Mark V. Wiley publie le livre de référence sur l’eskrima : Filipino Martial Culture. A la lecture de cet ouvrage, on est frappé par l’incroyable capacité d’invention des maîtres eskrimadors, capables de « réinventer » en permanence leurs arts martials à partir de données communes, puis de les adapter au monde moderne en les confrontant aux autres arts martiaux.
Bien que le terme soit quelque peu galvaudé, on peut définir les arts martiaux philippins comme appartenant à un système martial dynamique, construit principalement pour affronter des systèmes inconnus.
Cette qualité se traduit cependant par une complexité pédagogique qui fait autant appel à la dextérité, qu’à la réflexion et la capacité de synthèse.

L’enseignement reprend la méthodologie originelle de l’escrime philippine, d’où le nom d’eskrima voire « escryma », avec ses notions d’angles et de concepts géométriques. L’eskrima s’enseigne toujours en espagnol et conserve par conséquent des techniques martiales européennes qui ont disparu en Europe. La maîtrise du bâton doit conduire le pratiquant à se familiariser avec différentes armes comme le couteau, l’épée, ou le combat à mains nues.

Les Armes

L’arme la plus couramment utilisée dans l’apprentissage est un bâton en rotin, dont la longueur peut varier de 45cm à 72cm selon les écoles et les styles. On peut travailler avec un seul bâton ou deux bâtons.

On peut également le travailler en combinaison avec une autre arme tel que le couteau ou la dague. D’autres bâtons utilisés pour la formation et pour certains combats sont faits en cœur de palmier ou d’ébène, brûlés et durcis.

Ils peuvent également être réalisés en aluminium ou autres métaux. Certains bâtons sont aussi rembourrés, même si cette pratique n’est généralement utilisée que dans les écoles d’Amérique du Nord ou d’Europe.

Les autres armes utilisées sont le couteau ou la « dague » (en référence au duel avec les conquistadors), le Kerambit, de nombreuses épées ou machettes et le bâton long (Sibat) On trouvera d’autres armes encore, selon les approches propres aux différentes écoles, cultures et traditions.

ARNIS

L’Arnis est un art martial originaire des îles philippines. Ce sont les Espagnols qui ont observé cette méthode de combat philippine en assistant aux danses de combat des guerriers indigènes dont les mains étaient harnachées de gantelets décorés remarquables. Il les désignèrent sous le terme « arnis de mano » ou « armure de mains », afin de les différencier de « arnis de armas » avec des bâtons ou des épées.

Les techniques philippines (combat à la machette et au kriss) se sont ensuite mélangées avec les formes de combat employées par les conquistadores espagnols, et principalement le combat à la rapière et à la dague — espada y daga.  La langue d’enseignement de l’Arnis-Eskrima est traditionnellement l’espagnol.

La pratique se divise en trois parties dans l’école « Arnis Korédas Obra Mano » (Les termes changent suivant les écoles et suivant les époques: à l’époque moderne des termes espagnols sont remplacés par du tagalog par souci d’exotisme et pour paraitre plus ancien…)

La répétition des techniques de base, muestracion, ou pandalag ,
L’assaut conventionnel, sanga at patama ou obra tabak,
Le combat libre, larga mo iton ou labanang totohanan.

Des écoles aux styles différents se sont créées et affrontées depuis les années 1930. Les combats meurtriers entre les champions d’eskrima s’appellent despatayan. Ils sont interdits par les Américains dans les années 1950. Ce n’est qu’en 1969 que l’existence des arts martiaux philippins a été révélée au public occidental par Donn F. Draeger et Robert W. Smith dans Asian Figthing arts.

En 1980, après l’ouvrage de Dan Inosanto, on commence à désigner cet art martial sous le nom de « kali ». Ce terme a été choisi comme le nom originel de l’eskrima par Dan Inosanto, bien que son étymologie soit incertaine. Le succès du « kali » pousse ainsi de nombreux maîtres eskrimadors à changer le nom de leur système afin d’être plus commercial…

Kali

Le Kali Pekiti-Tirsia est un système de combat compact et facilement assimilable. Il comprend toutes les phases de l’auto-protection.

Combat à longue, moyenne et courte distance plus le combat au sol. Combat à partir d’angles et de positions différentes.
Contre-offensive comme défense contre des attaques avec ou sans arme (bâton, épée, couteau, armes à feu).
Contre-offensive comme défense contre un ou plusieurs adversaires.

Le système Pekiti-Tirsia est basé sur le principe de défense offensive contre les attaques à arme tranchante ou d’impact. Le même principe est vrai et fonctionnel pour le combat à mains nues.

Pour cette raison, dans le système Pekiti-Tirsia, il n’y a qu’une seule série de mouvements et de principes de combat, indépendante du fait que l’attaquant ou le défenseur soient avec ou sans arme. Cette structure permet une utilisation plus économique du temps de pratique et met en confiance par la compréhension et l’expérience. Si une méthode fonctionne contre un adversaire armé d’un couteau, elle fonctionne aussi contre un adversaire sans arme.

La maîtrise d’une série de mouvements requiert un dur travail et un dévouement total. Dans le système Pekiti-Tirsia de Kali, la maîtrise est acquise par une application de mouvements à travers du sparring à distance et des techniques rapprochées, échangées par l’utilisation de méthodes de tapping et de cross-tapping.

Parce qu’un combattant de couteau expérimenté ne se base pas sur la puissance musculaire brute mais sur la vitesse, le timing et la coordination, le Kali Pekiti-Tirsia offre une méthode pratique et logique contre des adversaires plus forts, que le combat soit à mains nues ou au couteau.

SIKARAN

Le Sikaranista (agriculteurs) commence la session avec le dessin d’un cercle sur le sol. L’opposant le plus qualifié est souvent obligé de prendre un handicap, il se positionne à l’intérieur du cercle. L’autre, lui, reste au bord du cercle et a pour objectif de déloger le combattant à l’intérieur.
Ils combattent uniquement avec des coups de pieds

Les combattants les plus confiants forment un cercle autour d’eux, être chassé du cercle signifie la défaite voire l’humiliation.
Si la poursuite du jeu est la solution choisie, un autre prétendant prend place dans le cercle jusqu’à être délogé puis la procédure est répétée.

Le Baras combat dans sa forme originale n’a pas de limite de temps. Il n’existe aucune discrimination en ce qui concerne le sexe.

Le Sikaran utilise seulement les pieds, la règle qui distingue le Sikaran est d’utiliser les mains seulement pour la défense. Le joueur utilise ses jambes 90% du temps et ses mains 10%, mais seulement pour bloquer ou parer les coups. La violation de cette injonction, en particulier dans les tournois, est un motif de disqualification.

L’arrivée du Sikaran dans les tournois internationaux, oblige certaines modifications, comme la limitation de temps et l’élargissement de la zone de combat en deux fois la taille requise de la scène originale.

PANANTUKAN La voix des poings 

Panantukan utilise tout le corps comme une arme, c’est un système de combat en combat rapproché, il est également connu comme « la boxe de rue» ou « boxe sale »  sans aucune règle, avec l’utilisation d’armes blanches cachées entre les doigts. Il s’agit d’un système de combat qui vise à une efficacité maximale.

Concepts Panantukan a un style particulier de base qui consiste à casser l’équilibre de l’adversaire par des techniques de contrôle et de manipulation du corps.

Les changements constants dans l’angle et le niveau de l’attaque sont un autre aspect technique de Panantukan. Il est particulièrement intéressant en raison de ses concepts complets de formation:

Efficacité, vitesse, dynamique, timing,  précision et débit typique de l’action.

Les aspects techniques 

Ces dernières années, ont vu un regain d’intérêt pour les arts martiaux de toutes les cultures du monde :

Kali Arnis Eskrima, Capoeira, Muay Thai, Jeet Kune Do, Krav Maga et autres.

En conséquence, de nombreux systèmes d’Eskrima ont été adaptés (à des degrés divers et dans une certaine mesure) afin de les rendre plus attrayants, compréhensibles et praticables par un public plus large. Cela ne signifie pas pour autant que les différents promoteurs en aient oublié l’aspect culturel et fondateur si riches en histoire.

L’objectif premier est précisément la découverte et la promotion de ces arts au sens respectueux du terme.

L’Eskrima est, à ce jour, également pratiquée comme un sport compétitif, bien qu’il n’existe encore pas de « normalisation ou d’uniformité ». L’organisme le plus connu en la matière est la WEKAF (World Eskrima Kali Arnis Fédération).

Les valeurs véhiculées restent principalement sportives, culturelles et orientées vers la self défense.

Bien qu’incomplet et n’abordant pas tous les thèmes liés à l’histoire des arts martiaux philippins, cet historique se veut généraliste pour informer et éclairer au mieux les néophytes sur nos disciplines et en faire la promotion auprès d’un large public.